Sylvie était venue au Népal l’année passée en compagnie de sa fille Julie (Juju). Le séjour l’avait beaucoup marqué et elle a souhaité revenir cette année pour le grand tour des Anapurnas. Benogo, un homme grand et fort l’accompagne dans cette belle aventure.
Tous les deux sont adorables, ils ont bien compris la situation des porteurs ici. Ici être porteur est une nécessité, un métier de survie. Les porteurs ont besoin de travailler et demandent à faire partie des treks, c’est pourquoi Sylvie et Benogo ont demandé à avoir non pas un porteur pour deux, comme c’est le cas habituellement, mais deux porteurs ! Ils voulaient donner du travail et alléger leur charge. C’est un geste très généreux de leur part qui a touché le cœur de Ramesh, Dipendra son plus jeune fils, tous deux porteurs.
Ainsi, Ramesh et son plus jeune fils Dipendra, sont partis avec eux comme porteurs. Dinesh était leur guide et a fait en sorte que tout se passe bien. Et les voilà, tous les 5 en route pour une belle aventure de trek, mais aussi humaine et amicale.
A leur retour, Sylvie et Benogo ont été tellement ému de ce voyage qu’un article a été publié dans le journal local et qu’ils ont tenu deux conférences sur le Népal dans leur ville, à Sens. Je crois bien qu’ils ont attrapé le virus du Népal :-) Lisez son bel article et visionnez leurs magnifiques photos…un moment de partage et de bonheur.
Album : Le Grand tour ANA avec de grands coeursphotos de Sylvie et Benogo, grand tour des anapurnas oct 2016
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Et en bonus, lisez ce qu’en dit notre Ramesh Bajé qui nous raconte son histoire et son vécu de ce trek…
Je m’appelle Ramesh Khadka et je viens de la région de Dolkha (à l’est de Kathmandu, entre le Langtang et la région de l’Everest).
Je suis porteur. et j’ai 59 ans. Je suis un papy porteur maintenant mais j’ai commencé à mon métier l’âge de 25 ans environ et aujourd’hui à 59 ans je travaille toujours comme porteur. C’est Basu Dev Kafle, un Népalais de mon village marié avec une Française qui a ouvert son agence de voyage à Thamel qui m’a proposé d’être porteur pour les treks. C’est ainsi que tout a commencé…depuis lors, je porte les sacs de trekkeurs sur les sentiers du Népal… J’en ai fait des sentiers, vu des beaux paysages et aussi les changements avec le temps… A l’époque, le Népal était encore moins développé que maintenant, tous les treks se faisaient en bivouac car il n’y avait pas des lodges comme aujourd’hui, les parcours étaient plus longs aussi car il y avait moins de routes.
En octobre, j’ai eu la chance de partir au trek avec Sylvie et Benogo. Dinesh Magar était notre guide et mon fils qui s’appelle Dipendra est venu aussi comme porteur avec moi son papa.
D’habitude, c’est un seul porteur pour deux trekkeurs mais Sylvie et Benago ont insisté pour nous donner travail et prendre deux porteurs au lieu de un. Ils ont un cœur grand comme les Anapurnas.
Dipak qui m’a engagé, a commencé comme moi porteur et depuis tout jeune, je l’ai vu progressé au cours des années, il a eu la chance de pouvoir suivre des cours de langues, d’apprendre l’anglais et le français, de devenir ainsi guide et aujourd’hui, il dirige son agence. Je suis très heureux de travailler pour lui car il n’a pas oublié la difficulté du travail de porteurs, il nous comprend et nous respecte, on aime bien travailler avec lui
De mon côté, je n’ai pas pu progresser car je n’arrive pas à apprendre d’autres langues, c’est pas mon truc et puis je suis âgé maintenant. Mais ce n’est rien car j’aime partir en trek avec de sympathiques clients et un bon guide qui apprécie son équipe, qui aime chanter et danser et qui nous respecte… Pour ça, Dipak sait y faire. Il connait ses hommes et sait former les équipes, il sait qui il faut faire partir ensemble pour que tout fonctionne.
Durant le trek, j’étais le papy de tous, et tous m’appellent Ramesh bajé, ça veut dire papy Ramesh. Dipak et Basanta Pangeni m’appellent Bajé aussi, c’est une forme de respect ici au Népal. Ils savent aussi que c’est important que notre guide choisisse bien le lodge où les clients et porteurs passeront la nuit. Certains propriétaires de lodges ne respectent pas bien les porteurs car en général, on sent la sueur et on est moins soigné, alors ils nous traitent pas très bien. Avec les guides de l’équipe de Dipak, je sais qu’on sera toujours bien soigné car ils attachent beaucoup d’importance au respect des porteurs et demandent aux propriétaires de lodges de bien nous soigner sans quoi ils choissent d’autres lodges pour leurs clients et leurs porteurs.
Nous sommes partis au trek vers Bulbule en bus local, ce 11 octobre c’est le grand jour de Dashain, le jour de la tikka. C’est le jour de la bénédiction de nos aînés…mais comme chaque année, il ne m’est pas possible de fêter Dashain car ça tombe en pleine saison de trek. Ma famille le fête sans moi et mon petit fils, mais ce n’est pas grave car nous avons travail et c’est le plus important. Durant les tremblements de 2015, ma maman est décédée et toute ma maison a été écroulée. C’était très triste et difficile pour ma femme et moi et nos enfants. Heureusement , l’association Resham Firiri nous a aidé pour reconstruire. Beaucoup de porteurs ont été dans le même situation que moi et heureusement l’association a pu nous aider, grâce aux donations des amis et connaissances de l’association. Pour ça, je travaille toujours avec bon cœur et j’ai pas assez de mots pour remercier tous les donateurs et l’équipe de association Resham Firiri. C’est une aide qui a fait chaud au cœur dans les moments si difficiles de deuil et de ce désastre après les tremblements.
Aussi je tiens à remercier Christian de l’association, un homme grand et qui a bon cœur lui aussi , car il offre des cours d’anglais à mon fils Dipandra. J’espère il pourra lui aussi évoluer comme Dipak, devenir guide et bien apprendre l’anglais, comme ça je pourrai enfin reposer mes vieux os et prendre ma retraite.
Avant , on faisait le tour des Anapurna en 28 jours. Mais après, ils ont construit une route jusque Besi Sahar et ça a raccourci le tour. De nos jours, on commence le trek à Ngadi. Cela racourcit le trek encore de 15 jours. Il est même possible de monter jusqu’à Manang par la piste, alors qu’avant c’était impossible. Il faut venir maintenant si vous voulez faire le grand tour car la piste se construit , le pays se développe malgré les catastrophes naturelles et les problèmes politiques… imaginez qu’on a des lodges avec de l’ eau chaude, du wifi, des téléphone portables qui fonctionnent en altitude ….
Je suis montée jusqu’au lac Tilicho avec Sylvie et Benogo, Dinesh notre guide et mon petit Dipendra Extraordinairement, ça capte la haut ! J’ai pu appeler ma famille, rassurer ma famille que petit Dipendra allait bien et que tout se passait bien au trek.
Le trek s’est passé super bien à tous niveaux : temps splendide, compagnie super avec Sylvie et Benogo, Dinesh et petit Dipendra, c’était un trek de rêve avec beaucoup d’amitié, d’échanges, de sourires…
Merci à toi Sylvie, à toi Benogo, de nous avoir donné travail à mon petit Dipendra et moi, merci à toi Dinesh de nous avoir bien respecté. Merci aux dieux pour avoir donné une bonne météo à nous pour ce trek. C’était magnifique, un bonheur partagé !